Célibat, souffrance et haine de soi : qui sont les femcels, le pendant féminin des incels ? – RTBF Actus

Alors qu’elle passe une mauvaise journée, Ryan Spencer, 30 ans, se filme dans une vidéo où elle partage sa frustration d’être célibataire. Alors que la plupart de ses amies se fiancent et s’investissent dans leurs couples, elle reste seule. La voix tremblante et les larmes aux yeux, Ryan exprime sa solitude et son sentiment d’être laissée-pour-compte, dans un TikTok qui deviendra viral. Très vite, de nombreuses femmes indiquent se reconnaître dans son témoignage et partagent à leur tour des expériences de rejet ou de solitude. Selon Eurostat, les ménages composés d’une seule personne, sans enfant, ont augmenté de 30,7% en 2022 par rapport aux années précédentes. Les célibataires sont de plus en plus nombreux, certains n’hésitant d’ailleurs pas à parler de récession amoureuse. Pour certaines, ce statut est pesant et génère de la douleur psychologique, notamment pour les femmes appartenant à la communauté des femcels.

Contrairement à leurs homologues masculins, les incels, associés à des discours misogynes et violents, les femcels expriment leur frustration de manière introspective, se rendant responsables de leur situation. Le média britannique Dazed, dans un article dédié au phénomène femcels, retranscrit le témoignage de Bella, 25 ans. Malgré des efforts répétés pour construire des relations, Bella n’a jamais été en couple et en souffre. Elle parle d’une stigmatisation liée à son statut de célibataire, soulignant la pression sociale qui valorise les relations amoureuses comme norme de réussite personnelle. Le féminisme contemporain, dans sa critique du patriarcat, a eu tendance à valoriser l’indépendance et le célibat comme des choix émancipateurs. Ces discours peuvent parfois invisibiliser celles pour qui le célibat est une souffrance, un statut non choisi, comme pour Bella.