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«C’est de la bigoterie» : à Londres, des milliers de manifestants pour les droits des personnes trans

Ils et elles sont descendus dans la rue pour demander des garanties, parfois la peur au ventre pour leur avenir. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés ce samedi 19 avril dans le centre de Londres, sur la place du Parlement, pour défendre les droits des personnes transgenres, après la décision de la Cour suprême britannique de fonder la définition légale d’une femme sur le sexe biologique.

«Les femmes trans sont des femmes», «Les personnes trans ne sont pas l’ennemi», «Moi, un homme ? La ferme !», pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants, pour la plupart âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années.

Le débat tranché par la Cour suprême portait sur l’interprétation de l’Equality Act loi anti-discrimination de de 2010. Pour la Cour suprême donc, le terme «femme» n’inclut pas les femmes transgenres, puisque certaines dispositions du texte concernent les femmes enceintes. La décision annoncée mercredi va certainement avoir des conséquences majeures pour les femmes transgenres, ouvrant la voie à leur exclusion de lieux réservés aux femmes, toilettes, vestiaires ou centres d’hébergements par exemple. Et même si la Cour a assuré que le jugement ne diminuait pas les protections dont bénéficient les personnes transgenres contre les discriminations ou le harcèlement, l’inquiétude monte.

«Tout dans ma transition va être plus compliqué», craint Joe Brown, une femme trans de 29 ans. Elle s’inquiète aussi du fait que les enfants trans vont avoir «plus peur» de faire leur coming out et que les personnes trans «ne soient plus capables d’accéder aux services de santé». Eevee Zayas, non binaire, craint pour sa part que «les extrémistes se sentent renforcés par la décision» de la Cour suprême, affirmant que la transphobie est déjà en hausse. Eevee Zayas, qui vit depuis quatorze ans au Royaume-Uni, a décidé de rentrer dans son pays d’origine, l’Espagne, plus progressiste.

Plusieurs milliers de personnes ont également défilé à Edimbourg, en Ecosse. Lauren Yeoman, 38 ans, s’est dite «écoeurée» par la décision de la Cour suprême. «Ils pointent du doigt des gens qui ne font du mal à personne, tout en ignorant les vrais problèmes», a-t-elle estimé.

La décision de la Cour suprême est l’aboutissement d’une longue bataille juridique entre le gouvernement écossais, engagé en faveur des droits des personnes transgenres, et des militantes se décrivant comme féministes. Ces dernières ont célébré la décision comme une victoire pour les droits des femmes. «Ce n’est pas du féminisme, c’est de la bigoterie», leur répondait ce samedi une pancarte.

Le gouvernement britannique de centre-gauche a estimé que la décision apportait de la «clarté […] pour les femmes et les prestataires de service tels que les hôpitaux, les refuges et les clubs sportifs».

Auteur : LIBERATION, AFP

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.