Crise d’angoisse hormonale : pourquoi en fait-on avant les règles ?
La fluctuation hormonale qui précède le cycle menstruel peut être accompagnée d’un certain nombre de désagréments, dont une hausse de l’anxiété. Comment l’expliquer ? Réponses d’une gynécologue.
Définition : qu’est-ce que le syndrome prémenstruel (SPM) ?
« Le syndrome prémenstruel (ou SPM) est une série de symptômes physiques et psychiques qui démarrent entre quelques heures et plusieurs jours avant les règles, et qui disparaissent généralement peu après leur arrivée », définit l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) (source 1).
Ces symptômes sont tellement variés que dans certains articles, près de 300 signes cliniques ont été identifiés, indique la Dre Nathalie Douay-Hauser, gynécologue obstétricienne à la Clinique Marcel Sembat.
« Les publications montrent qu’environ 40 % des femmes présenteront un SPM au moins une fois dans leur vie, et un peu moins de 10 % des femmes peuvent avoir des symptômes sévères, rapporte l’experte.
Le syndrome prémenstruel sévère ou trouble dysphorique prémenstruel
Environ 10 % des femmes peuvent présenter des symptômes sévères du SPM. Cette forme grave se nomme le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). Elle peut s’accompagner de symptômes prémenstruels plus forts, dont une anxiété plus marquée, des symptômes dépressifs plus intenses, ou encore des pensées suicidaires.
À noter : il faut savoir qu’il existe un facteur d’hérédité : certaines personnes peuvent avoir un profil génétique qui les rend plus sensibles au SPM.
L’anxiété fait partie des symptômes du syndrome prémenstruel
« En réalité, tout le monde peut ressentir une forme d’anxiété ou une baisse de moral. Mais il faut distinguer l’anxiété d’ordre physiologique, qui survient dans un contexte précis, qui est liée à un évènement, à une période, etc. – d’une anxiété plus pathologique, qui impacte réellement la vie quotidienne, la façon de travailler, etc. », explique la gynécologue.
Les femmes sujettes à l’anxiété et notamment à une anxiété pathologique vont davantage être touchées par l’anxiété hormonale. Pour schématiser, c’est comme s’il existait deux flèches qui se superposaient, rapporte l’experte :
- La flèche du cycle menstruel avec les symptômes qui vont apparaître en deuxième phase du cycle ;
- En parallèle, la flèche du syndrome anxio-dépressif (qui peut être mineur, avec une anxiété physiologique ou contextuelle – ou majeur, avec une anxiété plus pathologique).
« Ces deux flèches vont s’entrecroiser à certains moments de la vie – notamment dans les périodes où il y a un peu plus de fatigue. L’anxiété, alors déjà sous-jacente, va davantage se révéler ». Ainsi, une personne souffrant d’un syndrome anxio-dépressif va voir ce dernier se majorer durant le SPM. Au contraire, les femmes ne présentant pas d’anxiété ne vont pas en ressentir pendant le SPM.
Anxiété physiologique VS anxiété pathologique
Il faut distinguer un trouble anxieux d’un simple « coup de stress » lié à une situation stressante du quotidien (examen, discussion, imprévu…). L’anxiété est récurrente et survient à tout moment, majorée parfois pendant le syndrome prémenstruel. Le sentiment d’être plus fatiguée, un peu moins enjouée mais en gardant une vie normale sans « angoisses » répétées et sans altération de la qualité de vie reste une anxiété physiologique.
Cycle menstruel : est-ce que les hormones peuvent provoquer de l’anxiété ?
Les oscillations des concentrations œstrogéniques et progestatives jouent sur notre humeur. Un lien souvent mis en avant est celui entre l’anxiété prémenstruelle et la baisse des taux d’œstrogènes dans l’organisme après l’ovulation. Avant les règles, ces hormones féminines atteignent leur point les plus bas du cycle. Cette baisse se traduirait par tous les symptômes du SPM, y compris l’anxiété. « Pourtant, ce lien n’a jamais été chimiquement prouvé à proprement parler », tempère la Dre Douay-Hauser.
« Il existe des variations d’œstrogène et de progestérone tout au long du cycle menstruel. Mais au niveau chimique, on a démontré que ce n’était pas tellement la baisse d’œstrogène qui serait responsable de l’anxiété, mais plutôt la progestérone qui jouerait un rôle dans ce phénomène ».
« Tout va se jouer au fait que la progestérone va se fixer ou non sur les récepteurs à la sérotonine pendant cette deuxième phase du cycle menstruel », indique la gynécologue. On sait que la sérotonine est un neurotransmetteur impliqué dans la gestion des humeurs et associé à l’état de bonheur. Mais encore une fois, aucun lien chimique n’a été démontré. « D’ailleurs, si une supplémentation en progestérone pendant cette deuxième phase du cycle permet de diminuer les symptômes du SPM chez certaines femmes, ce n’est pas le cas pour toutes ».
Bien qu’il existe un certain nombre de médicaments en vente libre pour apaiser les crampes abdominales et les autres désagréments prémenstruels, ils ne sont d’aucune aide pour éviter que l’anxiété prenne le dessus. Alors, que faire pour limiter cette anxiété ?
Quels sont les traitements contre l’anxiété avant les règles ?
Pour atténuer cet effet, il n’existe pas (encore) de solution miracle et universelle.
« Le traitement du syndrome prémenstruel est symptomatique, il commence par le repos et le sommeil, une activité physique régulière et des activités relaxantes. Un exercice régulier permet de soulager les ballonnements ainsi que l’irritabilité, l’anxiété et l’insomnie. Le yoga aide certaines femmes », indique un article du Manuel MSD (source 2).
Des solutions pour lutter contre l’anxiété avant ou pendant les règles
- La pratique d’exercice physique est efficace pour lutter contre l’anxiété ;
- La pratique d’une activité relaxante qui vous convient est recommandée : méditation, yoga, sophrologie, hypnose, etc. Le Mindfulness ou « méditation de pleine conscience » est un outil qui a fait ses preuves. « On sait que la méditation de pleine conscience, lorsqu’elle est pratiquée quotidiennement, diminue d’un quart les récidives de dépression. Certaines applications proposent un programme spécialement axé sur le cycle féminin, comme celui de l’application Petit Bambou », rapporte la Dre Douay-Hauser ;
- Les médecines douces peuvent aider à lutter contre le stress et l’anxiété : acupuncture, phytothérapie, aromathérapie, homéopathie, etc. « Plutôt que de traiter son anxiété uniquement sur les temps du cycle, on peut décider d’essayer d’agir sur son anxiété de manière générale », note la gynécologue ;
- Manger de façon saine et limiter la consommation d’excitants est recommandé. « On sait que les consommations d’alcool, de café, de thé vont majorer les symptômes du SPM. Pendant cette phase, on recommande le sevrage tabagique, mais aussi de limiter les consommations d’alcool, d’excitants, de drogues » ;
- Chez certaines femmes, les méthodes contraceptives hormonales, comme la pilule, aident à soulager tous les symptômes du SPM. Sans ovulation, en effet, la fluctuation des hormones n’a pas lieu, et l’anxiété devrait s’apaiser ;
- Durant cette période, évitez les déclencheurs de stress et d’anxiété. Si vous en ressentez le besoin, n’hésitez pas à demander l’aide d’un médecin ou d’un(e) professionnel(l)e de santé. Une psychothérapie peut être envisagée pour mieux vivre et gérer cette anxiété ;
- Vous pouvez prévenir vos ami(e)s, votre famille ou vos collègues sur cet effet, afin qu’ils comprennent vos difficultés et vous apportent un soutien adapté.
Il est très important de prendre conscience qu’il existe des moments du cycle pendant lesquels on peut avoir de l’anxiété. Dre Nathalie Douay-Hauser
De manière générale, connaître les phases de son cycle peut aider à adapter son mode de vie. « Si l’on sait que l’on risque d’avoir un pic d’anxiété à un certain moment du mois, on va plutôt privilégier des activités non anxiogènes à ce moment-là. En deuxième partie du cycle, on sait que notre énergie vitale va diminuer, on sera peut-être un peu plus préoccupée, un peu plus triste, on peut alors pratiquer quelques exercices d’hypnose ». Parfois, le simple fait de savoir que l’anxiété est liée aux
variations hormonales peut aider à mieux vivre ce changement.
« Dans tous les cas, lorsqu’on souffre de SPM ou de tout autre problème lié aux règles, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin : le cycle menstruel n’est pas censé être pénible », rappelle l’Inserm.
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