Transidentité et religion : «On est considérées comme des hérétiques»
Dans son appartement du nord parisien, Yaël, 48 ans, s’amuse d’une «blague du divin» et s’imagine ce qu’elle a bien pu faire dans une autre vie pour être à la fois «juive, berbéro-marocaine et meuf trans». Cadette d’une grande famille juive orthodoxe qui l’élève comme un garçon, ainsi que l’indiquent ses papiers d’identité, elle a grandi tenue de se conformer aux obligations réservées aux hommes – les mitsvot dans la Torah. A cette époque, dans les années 80, les représentations trans sont rares sinon caricaturales, à l’instar du personnage de Katia incarné par Christian Clavier dans le Père Noël est une ordure. «Une scène que j‘ai en boucle dans la tête à l’époque de mon coming out, remet Yaël. C’est violent.» Elle retrouve cette «transphobie larvée» quand ses frères prennent leur distance à l’annonce de sa transition, en 2021.
Une époque qui est aussi celle d’une visibilisation de la communauté trans, laquelle devient en retour l’objet d’une panique morale. Notamment aux Etats-Unis, où Donald Trump est à la manœuvre, depuis le début de son second mandat, d’une offensive transphobe contre une supposée «théorie du genre». D’après l‘organisation indépendante Trans Legislation Tracker, 905 lois anti-trans ont été proposées en 2025, dont 100 ont été adoptées dans 23 Etats américains. Dernière en date :
Auteur : Léna Lebouteiller
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