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Découvrez pourquoi certaines personnes ont une peur panique des oiseaux

L’ornithophobie, ou la peur panique des oiseaux, est une phobie spécifique qui touche de nombreuses personnes à des degrés divers. Certaines personnes ressentent une légère appréhension à l’approche d’un pigeon ou d’un corbeau, mais d’autres sont envahies par une sensation de panique à leur simple évocation. D’où vient cette peur irrationnelle ? Quels en sont les symptômes et, surtout, comment s’en libérer ? Réponses de Cédric Daudon, psychologue cognitiviste à Ajaccio.

Comment s’appelle la phobie des oiseaux ?

L’ornithophobie est une zoophobie qui se caractérise par une peur intense et irrationnelle des oiseaux. Cette peur peut varier en intensité, allant d’un simple malaise à une véritable panique incontrôlable. Elle se manifeste par des symptômes tels que l’anxiété sévère, les crises de panique, les sueurs, l’accélération du rythme cardiaque, voire une sensation d’étouffement.

Les personnes concernées peuvent ressentir une angoisse extrême en présence d’oiseaux, qu’ils soient posés, en vol ou même simplement entendus au loin. Dans certains cas, la simple évocation d’oiseaux peut suffire à déclencher une réaction de peur. Cette phobie peut avoir un impact significatif sur la vie quotidienne, limitant certaines sorties en extérieur, notamment dans les parcs, sur les plages ou en ville, où la présence d’oiseaux est fréquente.

Pigeons, mouettes, corbeaux… Tous les oiseaux sont-ils concernés ?

Pas nécessairement. Certaines personnes ont peur de tous les oiseaux, tandis que d’autres ne redoutent que certaines espèces, précise Cédric Daudon. 

  • Les pigeons et les mouettes sont souvent source d’anxiété en raison de leur comportement opportuniste et de leur proximité avec l’homme.
  • Les corbeaux et autres oiseaux noirs, peuvent aussi en effrayer certains, car ils sont associés à des symboles de malheur dans l’imaginaire collectif.
  • Les rapaces, avec leurs serres puissantes et leur regard perçant, suscitent parfois une crainte plus instinctive.
  • Certaines personnes peuvent aussi se sentir mal à l’aise face à des oiseaux plus petits comme les moineaux ou les hirondelles, notamment à cause de leurs battements d’ailes rapides et imprévisibles.

Phobie des pigeons ou des mouettes : quelles sont les causes de l’ornithophobie ?

L’ornithophobie, comme toutes les phobies spécifiques, peut avoir plusieurs causes. Elle est généralement liée à une expérience négative ou à un conditionnement émotionnel qui ancre la peur dans l’esprit des personnes concernées.

Un traumatisme passé

L’une des causes les plus courantes de l’ornithophobie est un événement marquant impliquant des oiseaux. Il peut s’agir :

  • D’un accident. Être griffé, picoré, voire mordu par un oiseau peut provoquer un choc psychologique.
  • D’une attaque ou d’un contact désagréable. Un pigeon qui vole trop près, une mouette qui vole un cornet de frites, un corbeau qui fonce sur une personne ou même un oiseau qui se coince dans les cheveux peuvent être des expériences traumatisantes.
  • D’un incident vécu dans l’enfance. Les souvenirs d’enfance marquent profondément l’inconscient. Une frayeur causée par un envol soudain d’oiseaux ou la vision d’un oiseau blessé peut laisser une trace durable.

Une peur transmise par l’entourage

L’ornithophobie n’est pas toujours due à une expérience directe mais plutôt à une peur apprise. Si un parent ou un proche manifeste une peur des oiseaux, l’enfant peut absorber cette angoisse et la développer à son tour.

Les enfants sont particulièrement influencés par les réactions des adultes et peuvent adopter des craintes qu’ils observent autour d’eux. Cédric Daudon, psychologue cognitiviste.

Une hypersensibilité aux mouvements imprévisibles

Les oiseaux peuvent parfois provoquer une réaction de surprise ou de peur chez certaines personnes, avec leurs déplacements rapides et imprévisibles. Leur capacité à changer de direction soudainement, à se lancer dans des vols vertigineux ou à plonger rapidement depuis les hauteurs, peut être particulièrement perturbante. Cette imprévisibilité peut déclencher une réaction de stress intense chez les personnes sensibles aux mouvements brusques.

L’influence des croyances et des représentations culturelles

Certaines espèces d’oiseaux ont mauvaise réputation car elles sont associées à des symboles négatifs ou à des superstitions anciennes… Cette influence culturelle pèse beaucoup plus qu’on ne le pense !

  • Les corbeaux et les chouettes sont souvent perçus comme des annonciateurs de malheur ou de mort dans de nombreuses cultures, en raison de leur apparence et de leurs cris nocturnes.
  • Le cinéma et les médias ont pu amplifier certaines peurs. Le film « Les Oiseaux » d’Alfred Hitchcock a par exemple marqué des générations en mettant en scène une attaque massive d’oiseaux, contribuant à renforcer une crainte irrationnelle chez certaines personnes.
  • Des légendes urbaines ou croyances anciennes peuvent accentuer la méfiance envers certaines espèces. À noter : les croyances varient selon les cultures. En Europe, une chouette qui hulule peut être un mauvais présage, tandis qu’au Japon, les corbeaux sont parfois vus comme des messagers divins.

Une anxiété sous-jacente

L’ornithophobie peut apparaître sans raison apparente chez certaines personnes souffrant de troubles anxieux. Elle peut être le symptôme d’un stress généralisé ou d’un trouble anxieux plus profond, où le cerveau « focalise » son angoisse sur un élément précis, en l’occurrence les oiseaux.

Symptômes : comment se manifeste cette peur excessive et irrationnelle des oiseaux ?

L’ornithophobie, se manifeste par divers symptômes physiques, émotionnels et comportementaux :

Symptômes émotionnels

  • Peur irrationnelle. La personne ressent une angoisse excessive face à la simple idée d’être proche d’un oiseau ou même d’entendre un bruit d’oiseau.
  • Sentiment de perte de contrôle. L’anxiété associée à cette peur est souvent accompagnée d’un sentiment d’impuissance face à la situation.
  • Anxiété anticipatoire. Avant même de rencontrer un oiseau, elle peut se sentir stressée, imaginant des scénarios menaçants.

Symptômes physiques

  • Accélération du rythme cardiaque. Le cœur bat plus vite, parfois de façon forte et irrégulière.
  • Tremblements ou sueurs. L’anxiété provoque une réaction corporelle de stress, avec des mains moites, des jambes tremblantes ou des sueurs froides.
  • Difficultés respiratoires. Une sensation d’étouffement ou une respiration rapide peuvent survenir en présence ou même en pensée des oiseaux.
  • Nausées ou vertiges. L’anxiété peut perturber l’estomac, entraînant des maux de ventre ou des vertiges.
  • Bouffées de chaleur ou frissons. Des variations soudaines de température corporelle, dues à la réaction de stress intense.

Symptômes cognitifs

  • Pensées catastrophiques. La personne imagine que les oiseaux sont dangereux, qu’ils peuvent l’attaquer ou causer des blessures graves, même si cela n’est pas fondé sur la réalité.
  • Hypervigilance. Elle peut être constamment à l’affût de la présence d’oiseaux, observant les mouvements dans le ciel ou autour d’elle pour éviter tout contact…

Symptômes comportementaux

Dans les cas les plus sévères, l’ornithophobie peut limiter les sorties et impacter la qualité de vie sociale et professionnelle des personnes concernées. Les personnes phobiques peuvent chercher à fuir et à se cacher au moindre battement d’ailes et se mettre à crier ou courir sans réfléchir. Elles peuvent aussi éviter les terrasses, les parcs, les jardins, les plages ou tout espaces susceptibles d’abriter des oiseaux.

TCC, EMDR, hypnose… Comment soigner l’ornithophobie, retrouver un peu de sérénité et ne plus avoir peur des pigeons ?

Plusieurs approches thérapeutiques permettent de traiter l’ornithophobie, et chacune peut être adaptée en fonction des besoins et des préférences du patient.

Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC)

La TCC est l’une des thérapies les plus couramment utilisées pour traiter les phobies. Elle se base sur l’idée que nos pensées influencent nos émotions et nos comportements. L’objectif ? Modifier ces pensées irrationnelles pour réduire l’anxiété en suivant plusieurs étapes :

  • L’exposition graduée. Cette technique consiste à exposer progressivement la personne à l’objet de sa peur, dans un environnement contrôlé et sécurisé. L’exposition commence par des situations moins effrayantes (par exemple, regarder des images de pigeons ou écouter des vidéos d’oiseaux), et progresse vers des interactions directes avec les pigeons, par exemple, explique Cédric Daudon.
  • La restructuration cognitive. Cette méthode consiste à identifier et à remettre en question les pensées irrationnelles et catastrophiques liées à la peur des pigeons. Elle prend la forme de discussions rationnelles visant à dédramatiser une situation. Une pensée telle que « Les pigeons vont me tuer à coup de bec » sera petit à petit remise en question à travers des preuves logiques.

EMDR (Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires)

L’EMDR vise à traiter les traumatismes et les phobies en travaillant sur les souvenirs associés à la peur. Elle est particulièrement efficace lorsque la phobie est liée à un événement précis. « L’EMDR permet de retraiter des souvenirs traumatisants ou des expériences négatives liées aux oiseaux. Pendant la séance, le thérapeute guide la personne en lui faisant effectuer des mouvements oculaires ou des tapotements, tout en se concentrant sur des images ou des pensées liées à la peur, ce qui aide à réorganiser et réduire les émotions négatives liées à ces souvenirs », explique Cédric Daudon.

Hypnose

L’hypnose permet d’accéder à l’inconscient pour reprogrammer des réponses émotionnelles automatiques. Elle peut être très utile pour traiter les phobies, car elle permet de changer la manière dont une personne réagit aux stimuli qui déclenchent la peur. Elle peut par exemple aider à relâcher les tensions et à détendre profondément la personne, créant ainsi un état propice à la suggestion et au travail sur les peurs. Le thérapeute peut suggérer des idées positives ou des scénarios dans lesquels la personne se sent en sécurité et en contrôle lorsqu’elle est en présence de volatiles, ce qui permet de reformuler la manière dont l’esprit les perçoit, de manière à réduire la peur.

Relaxation et approches complémentaires

Des techniques de relaxation comme la méditation ou la respiration profonde peuvent aussi être utiles pour gérer les symptômes d’anxiété au moment où la peur se manifeste.

Visualisation positive

La visualisation est une technique qui consiste à imaginer une scène apaisante ou à se voir interagir sereinement avec des oiseaux dans un environnement contrôlé. Cela permet de reprogrammer le cerveau pour associer la présence d’oiseaux à des sensations agréables plutôt qu’à la peur. Un exemple d’exercice : imaginez-vous dans un parc calme, entouré de pigeons qui ne vous dérangent pas. Visualisez-vous en train de respirer calmement et de vous sentir serein face à eux. À noter : cette technique peut être pratiquée avant ou après des séances d’exposition graduée pour ancrer un sentiment de sécurité.

Relaxation et Respiration

La relaxation est une approche complémentaire qui peut aider à réduire la réponse physiologique associée à l’anxiété (comme les palpitations, la transpiration ou l’essoufflement) lorsqu’une personne est confrontée à sa peur.

  • En pratiquant la respiration diaphragmatique, vous pouvez réduire le stress et l’anxiété. Cela implique de respirer profondément par le ventre, en inspirant lentement et en expirant longuement, ce qui active le système nerveux parasympathique et calme l’organisme.
  • La relaxation musculaire progressive (PMR), elle, consiste à contracter puis relâcher chaque groupe musculaire du corps, ce qui aide à réduire la tension physique et favorise la détente. Cela peut être utile avant une exposition graduée ou en cas de crise d’anxiété.

Méditation et pleine conscience

La méditation et les techniques de mindfulness aident à cultiver une conscience de l’instant présent, sans jugement. Cela permet de prendre du recul par rapport aux pensées anxieuses et de ne pas se laisser envahir par des peurs irrationnelles. En pratique, concentrez-vous sur vos sensations physiques et sur votre respiration pour apprendre à observer vos pensées sans y réagir. Cela peut aider à prendre de la distance par rapport à la peur des pigeons, en réduisant les ruminations négatives et en renforçant la gestion des émotions.

Les médicaments sont-ils efficaces ?

Non, les médicaments ne traitent pas les causes sous-jacentes de la phobie. En revanche, certains peuvent être prescrits à court terme pour soulager les symptômes anxieux envahissants avant d’entamer un travail d’exposition. C’est le cas des anxiolytiques (comme les benzodiazépines), des antidépresseurs (ISRS, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) ou des bêta-bloquants.

En résumé, l’ornithophobie peut être une phobie particulièrement handicapante. Heureusement, il existe des solutions efficaces pour apprendre à mieux gérer cette peur. « Un accompagnement adapté et une prise en charge progressive, permettent de surmonter rapidement cette phobie et de retrouver une relation plus apaisée avec le monde aviaire », conclut Cédric Daudon.

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.