Derrière la porte | La vie sexuelle « rayonnante » de Claude*
Claude* a 70 ans, une vie sexuelle bien active, et surtout bien remplie. Carrément « rayonnante », comme il dit. Mais ce n’est pas non plus le centre de son existence. Récit d’un homme « pas compliqué ».
Il nous a écrit un long message pour nous résumer sa vie, il y a quelques mois de cela, à la suite d’une enfilade de témoignages, disons plutôt torturés. Alambiqués. Contrariés. « Le monde a bien des problèmes, en remet-il en entrevue, attablé un petit midi, devant un poulet rôti. Ça m’a amené à faire une introspection. »
Chez lui, point de complications à l’horizon, comprend-on. « J’ai eu une vie sexuelle bien simple, tout va bien, je ne suis pas infidèle ni amateur de partouzes. C’est arrivé, concède-t-il en souriant, mais par inadvertance… » Par inadvertance ? Ça vous donne une idée du personnage, qui nous fera bien rigoler tout le long de son récit-fleuve, coloré et surtout léger.
« Je n’ai pas été dans les applications ou quoi que ce soit, ajoute-t-il. Ne me parle pas de l’internet, c’est live, ma game ! », tient-il à préciser.
Autre précision, et non des moindres : « J’ai eu une vie diversifiée, de nombreuses partenaires, c’est comme manger ou respirer pour moi. Mais en contrepartie, je ne suis pas dépendant de ça. » Dit autrement :
Je n’ai jamais eu besoin de sexualité quand je n’avais pas de copine. Mais quand j’en ai une, ça roule à plein !
Claude, 70 ans
Enfant, il se revoit jouer au papa et à la maman avec une petite voisine. Puis au secondaire, après beaucoup de « frenchage » et de « collage », il finit par se faire « dépuceler » par une jolie fille un peu plus dévergondée que lui, dont il se souvient encore du look et surtout des formes. « C’est sûr que je m’en souviens, qui ne se rappelle pas sa première fois ! » L’aventure dure quelques mois, puis notre Claude se « tanne ». « On faisait juste ça ! Je trouvais ça routinier ! »
Arrivent ensuite les belles années de ses sorties entre « amis de cruise du samedi soir », comme il les appelle, au tournant de la vingtaine. Claude va à la taverne, traîne les rues, et « ramasse » des filles. Quand ? « Tout le temps ! »
C’étaient les années 1970, une tout autre époque, dit-il. « On placotait, les filles se mettaient belles, on leur chantait la pomme, on n’avait pas à faire attention comme aujourd’hui ! On sortait le gros violon. […] Et les filles aussi ! »
C’est dans ces folles soirées que Claude croise la future mère de son enfant, une fille brillante – « toutes mes blondes sont intelligentes » – avec qui ça clique sur tous les plans. « Très bonne maîtresse, bonne amoureuse, hyper le fun. […] Mêmes intérêts, milieu semblable. Un match parfait. »
Pour toutes sortes de raisons, notre Claude part ensuite un an découvrir le monde, voir ailleurs s’il y est. C’est là, entre autres folles péripéties, qu’il va se retrouver dans une partouze « par inadvertance » ! Mais passons, puisque l’aventure n’est visiblement pas centrale à son cheminement. D’ailleurs, en rentrant au pays, il retrouve aussi sec son « match », fonde une famille, et le couple dure 10 ans. « On a été heureux, résume-t-il, puis les problèmes sont arrivés. On a fini par se laisser. »
Claude ne s’épanche pas sur le sujet et enchaîne son récit. « Je retombe sur le marché libre, poursuit-il. Je reprends contact avec des amis, je sors, je rencontre des filles. […] Mais c’est plus espacé que quand j’étais jeune. » Il faut dire qu’il a un enfant en garde partagée, entre autres obligations.
Et c’est très bien comme ça, répète-t-il. « J’ai une vie normale, entrecoupée de relations occasionnelles de courte ou longue durée. […] Je n’ai pas de dépendance au sexe, quand j’étais seul, j’étais seul, et quand j’avais une partenaire, j’étais très heureux de recommencer. » Et quand il recommence, c’est dans la joie, la fougue, bref, l’exaltation. Mais pas avec n’importe qui ni à tout prix, faut-il le préciser : « Si la fille est bright […], mais sexuellement, on n’a pas de plaisir, ça ne marche pas. À l’opposé, si sur le plan sexuel, c’est super le fun, mais sur le plan intellectuel, elle n’est pas là […] ça ne marche pas plus ! »
Bref : Claude a besoin oui d’électricité, mais aussi d’« atomes crochus ». Sinon, tant pis. Il passe à un autre appel et ça ne lui fait pas un pli.
« C’est sûr que j’ai une certaine assurance », sait-il.
Oui, on m’a reviré de bord dans ma vie, mais je n’en ai jamais fait un drame, parce que la moyenne au bâton était plutôt de mon bord.
Claude, 70 ans
Certaines aventures durent quelques mois, d’autres quelques années. La dernière significative dure 10 ans. Il a 60 ans quand il décide qu’il devrait sans doute se caser. « Tu as 60 ans, se dit-il. Veux-tu mourir tout seul ? » C’est là qu’il rencontre une femme par hasard, dans le cadre d’un loisir partagé. Et si vous voulez tout savoir, oui, le flirt est aussi grisant à 60 ans qu’à 20 ans. « Oui, oui, oui ! La chimie de la séduction, la rencontre, l’énervement de penser que tu vas peut-être coucher avec elle, quand ça va vers là, confirme-t-il en claquant la langue, c’est comme à 20 ans ! »
Au début, c’est l’« extase », puis avec le temps et les années, le couple s’éloigne, avant de se briser pour de bon. De nouveau célibataire, notre Claude ne s’en formalise pas trop. Pour cause : en voyage à l’étranger, il a rencontré tout récemment une énième femme. Tout à fait par hasard, comme à son habitude. Dans un café, ils se sont mis à jaser. Et de fil en aiguille, l’électricité est passée. Ils ont gardé contact et il doit la revoir prochainement. « On a eu le béguin ! […] C’est une grande séductrice, j’ai énormément de plaisir sexuel avec elle ! »
Que dire de plus ? « J’ai l’impression d’avoir réussi ma vie, conclut notre homme en souriant. Si je meurs demain matin, je ne regrette rien. […] J’ai eu une vie remplie, du bonheur sur tous les aspects. J’ai rencontré des femmes extraordinaires. J’ai eu une sexualité heureuse, sans embûches et… ce n’est pas fini ! »
*Prénom fictif, pour protéger son anonymat
Auteur : Silvia Galipeau
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