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Derrière la porte | La cougar « circonstancielle »

La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Aujourd’hui : Sophie*, fin quarantaine


Sophie* a toujours fréquenté des hommes plus jeunes. Toujours. Pas nécessairement parce qu’elle le cherchait, mais simplement parce que c’est ce qui se présentait. Entretien avec une cougar « circonstantielle ».

« Mes collègues de travail ont commencé à rire de moi et à me pousser des craques ! », rit la quadragénaire, rencontrée au cours de l’hiver, dans la foulée d’une série de témoignages sur les cougars, ces femmes plus âgées qui fréquentent, pour toutes sortes de raisons, des hommes plus jeunes. D’où son envie d’ajouter son histoire au portrait. « Moi, ça me fait rire, ajoute la bonne vivante. So be it ! »

Même son tout premier amoureux avait un an de moins qu’elle, se souvient Sophie, d’une humeur qui ne la lâchera pas de l’entretien. « Mais ça ne compte pas vraiment », tempère-t-elle. Elle avait 19 ans, lui 18. Au lit ? « Sérieusement, vraiment bien. On était deux vingtenaires libidineux, on faisait ça tout le temps ! Une envie dans l’auto ? On le faisait dans l’auto ! Quand on avait envie, on le faisait ! On l’a même fait dans une gondole, au mont Saint-Anne ! » Superbe vue, se souvient-elle encore. « Ça ajoute un kick ! », glousse-t-elle.

Leur histoire dure près de dix ans. « Dès les débuts de la relation, on s’est dit : on a peu d’expérience, si une occasion se présente de sauter la clôture, on n’en fera pas un cas. » Oui, c’est arrivé à Sophie d’aller voir ailleurs. « Mais disons que lui était plus actif dans sa recherche. » Et cela a dégénéré, jusqu’à la rupture.

Fin vingtaine, Sophie se retrouve célibataire, et après avoir travaillé quelques années, elle décide de retourner à l’université. C’est là que la cougar, pardon la « puma » (cougar de moins de 40 ans, dans le jargon populaire) en elle s’est manifestée. L’occasion fait le larron, comme on dit : « Le monde avec qui tu entres à l’université a 19 ans, fait-elle valoir. Je me retrouve dans une faculté de gars qui font beaucoup le party, qui boivent beaucoup, on fête ! C’est le free-for-all universitaire ! »

Et oui, Sophie en profite. Elle a carrément perdu le compte. « Toute la gang, ils sont tous plus jeunes, j’étais la plus vieille de la faculté, j’étais même plus vieille qu’un de mes chargés de cours ! », pouffe-t-elle. Si elle s’amuse ? « Hum hum », opine-t-elle sans hésiter. « C’était comme revivre sa vie d’université après avoir connu la vie de couple. Quelques-uns étaient plus maladroits, moins expérimentés, mais toujours enthousiastes ! Je ne suis pas tombée sur des trop rapides non plus. Mais certains, oui, il a fallu que je les guide un peu : relaxe, ce n’est pas une course ! », paraphrase-t-elle en riant toujours.

Bien sûr que c’est bon pour l’ego, confirme Sophie.

Ils ne le voyaient pas, mon âge. Et puis, on ne va pas se le cacher, j’ai un surplus de poids. Même si j’ai toujours été du genre “on s’en fiche”, là, je voyais qu’il y avait vraiment du monde qui aime ça, les courbes !

Sophie, fin quarantaine

Elle vit à cette époque toutes sortes d’expériences, jeux de rôles (« on a envie d’essayer, on essaye ! »), aventure à trois avec deux gars (« d’un ennui mortel ! »), puis, au bout de quelques années, finit son programme, change de ville, et poursuit sa vie ailleurs.

Mi-trentaine, elle se retrouve ainsi dans un nouveau logement, et flashe rapidement sur un type de son entourage. Il a dix ans de moins qu’elle, mais rendu là, elle ne s’en formalise évidemment pas. « Dans ma tête, je n’étais pas tant à mon âge. Mes amis de mon âge sont propriétaires, ont des enfants, des jobs, moi, je sors de l’université avec des dettes d’études ! »

Leur histoire dure quelques années, sauf que cette fois, son jeune amoureux est moins porté sur la chose qu’elle. « Ce n’était pas l’amant du siècle, confirme-t-elle. Il n’avait pas d’imagination, mais il avait 48 mains ! », ajoute Sophie en souriant. Rapidement, elle se rend compte qu’il a tout simplement peu de libido, en plus de consommer, bref, ce n’est pas sain, et ils finissent par se quitter.

La voilà de nouveau célibataire, au tournant de la quarantaine, quand frappe la pandémie. « Comme n’importe qui, je m’emmerde, enchaîne Sophie sans perdre de son entrain. Alors je suis allée sur des applis ! » Elle ouvre sa recherche au groupe d’âge des 30-55 ans, mais se rend vite compte que c’est avec les plus jeunes que ça clique.

Les matchs que j’ai, c’est juste ça ! À 80 % : des gars plus jeunes ! Alors rendue là, on va vivre avec ! Pourquoi me battre ? En plus, les hommes de mon âge intéressants, ils sont tous pris. J’essaye d’éviter d’aller jouer sur ce terrain…

Sophie, fin quarantaine

Aujourd’hui, Sophie a une petite poignée de fréquentations, dont quelques assidus, et s’en porte visiblement très bien, merci. À preuve, le premier, elle l’a baptisé son « dieu du sexe ». « Les yeux me revirent en arrière de la tête ! Il sait vraiment comment faire, je peux passer 45 minutes à hurler non stop, je suis brûlée après ! » Les autres sont aussi très attentionnés, « c’est vraiment bien », assure-t-elle en souriant. Pardon : en rayonnant.

« C’est sûr que c’est flatteur pour l’ego, répète-t-elle ici. Et c’est un peu mon pied de nez à ceux qui disent que les vieilles ne pognent pas, ou les grosses ne pognent pas. J’ai des petites nouvelles pour toi, bonhomme ! », conclut-elle, d’un énième grand éclat de rire.

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat.



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Auteur : Silvia Galipeau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.