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Derrière la porte | Troubles érectiles ou pas, il y a de la joie

La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Aujourd’hui : Julie*, fin trentaine


Julie* a eu plusieurs hommes dans sa vie. Celui avec qui elle a connu la meilleure chimie et les plus folles nuits avait des soucis érectiles. Et savez-vous quoi ? Ça ne lui a pas fait un pli : il y a de très chouettes petites pilules pour ça !

C’est l’essentiel du message qu’on retient de la souriante trentenaire, rencontrée en banlieue de Montréal un midi glacial récemment. Elle n’est même plus avec l’amoureux en question, mais c’est vraiment de lui, essentiellement, qu’elle avait envie de parler.

« Peut-être à cause de ma profession – je suis dans le domaine de la santé –, je sais que quand il y a des difficultés érectiles, cela crée beaucoup de frustrations. Mais mon Dieu, pour l’avoir vécu, dit-elle, il est possible de passer par-dessus et d’avoir des expériences positives. C’est tabou, malheureusement, si c’était moins tabou peut-être que les gens s’ouvriraient et trouveraient des solutions ! » En tout cas, elle, c’est ce qu’elle a fait.

Avant d’y venir, il faut savoir qu’elle a connu un de ses premiers amoureux – le père de ses enfants ! – dès l’adolescence, à 15 ans. « Oui, confirme-t-elle en riant, c’était mon chum du secondaire ! » Sexuellement, ça allait, dit-elle. « Correct. » « Je ne peux pas chialer, en termes de fréquence, c’était correct. Mais je me doutais qu’on pouvait avoir plus. »

Plus ? Plus de caresses, d’échange, de découvertes. « Être moins dans le donner, donner, donner, et recevoir un peu plus. » C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle a voulu le quitter. « Il n’était pas beaucoup dans le plaisir de l’autre, fait-elle valoir. Une fois que lui, il avait éjaculé, c’était fini. » Et tant pis pour Julie.

Au tournant de la trentaine, ils se séparent, et c’est là qu’elle rencontre son fameux amoureux, un homme de plus de 20 ans son aîné, faut-il préciser. « Dès le début, poursuit-elle, il m’a avoué qu’il avait des difficultés, pour me préparer à ne pas être déçue. Il a toujours été super ouvert. »

Et comment a réagi Julie ? « Ben… bien ! »

Je suis une fille de solutions, pas de problèmes. […] On va naviguer à travers ça, trouver une solution. On va voir ce qu’on est capables de faire !

Julie, fin trentaine

Il faut dire qu’outre la pénétration, tout clique entre les tourtereaux, et pas à moitié, comprend-on, à la voir ici tout à coup rayonner. « Un seul mot : extra », résume-t-elle, avant d’ajouter : « Merveilleux, fusionnel. Tous les qualificatifs qu’on peut dire. J’avais l’impression de tomber sur la bonne personne, au bon moment. On n’avait pas besoin de parler. C’était magnétique ! » Ce genre de chimie, comme s’ils se connaissaient depuis toujours, quoi.

Certes, monsieur prenait déjà des médicaments pour la chose, mais la petite pilule ne fonctionne pas exactement par magie, lui a-t-il expliqué. « Ça ne fait pas toute la job, précise-t-elle. C’est une aide mécanique, mais il faut que tu aies envie. Au début, je pense qu’il avait un blocage… »

Mais non, Julie, on l’aura deviné, ne l’a pas mal pris. « Je savais que ça n’était pas à cause de moi, alors je suis allée chercher des outils. »

Des outils ? C’est ici qu’elle a fait preuve d’imagination. Il fallait y penser : « Je suis allée chercher une ceinture, un strap-on ! raconte-t-elle les yeux brillants. C’est la seule chose qui manquait : la pénétration. Tout le reste, les préliminaires, tout, on l’avait ! » Elle salue au passage l’audace de monsieur, d’avoir accepté de jouer le jeu. « Il a eu le guts d’essayer, et je pense que ce n’est pas tout le monde qui aurait été à l’aise. Et ça a été parfait ! »

On vous épargne les détails, mais disons que la « sensation » était au rendez-vous, « on aurait dit que c’était lui ! », se félicite Julie. Mieux : après avoir pénétré Julie avec ladite ceinture, monsieur a retrouvé ses capacités et réussi à la pénétrer par lui-même ! « C’est mon interprétation, mais c’est comme si ça lui avait montré qu’il était capable. » Comme une bougie d’allumage ? « Exactement ! opine-t-elle. Et puis à la suite de ça, on n’a plus eu de problème », toujours avec l’usage des fameuses pilules, bien évidemment. Mais la ceinture a quant à elle rapidement pris le bord.

Julie se désole d’entendre des femmes mal prendre les soucis érectiles de leurs partenaires. « Elles le prennent personnel, ou se mettent de la pression, et se sentent pas assez désirables. Mais ce n’est pas ça ! Et ça crée des frustrations ! Or plus on diminue l’autre, moins il a confiance en lui, et… moins ça fonctionne ! »

Il y a plein de raisons à ça : biologiques, psychologiques, médicales ! […] C’est plate que certains se disent : c’est la fin. Ce n’est pas la fin du tout !

Julie, fin trentaine

N’empêche que pour toutes sortes de raisons et au bout de quelques années, leurs chemins se sont séparés. « Comme dans toutes les relations, il y avait du positif et du négatif, souligne Julie. Mais je retiens le positif. Je n’ai pas d’amertume, j’en garde de très bons souvenirs. Tout le monde devrait vivre ça une fois dans sa vie ! »

Depuis ? Elle a rencontré son copain actuel, un type d’emblée nettement plus coincé au lit, poursuit-elle. « Il était plus gêné, ça a fait un gros clash avec mon autre relation. » Si son ex semblait la connaître d’instinct, ici, il a fallu mettre des mots sur leurs besoins : « qu’est-ce que tu veux, qu’est-ce que je veux ». Ils ont eu de bonnes conversations. Résultat ? « Super, dit-elle en éclatant de rire. Oui, ça a l’air simple, mais ça a été tout un processus ! »

À noter que si demain matin, il avait des problèmes érectiles, ce serait « zéro » un enjeu, dit-elle, revenant sur le sujet initial de l’entretien. Elle conclut d’ailleurs là-dessus. « J’ai l’impression que les gens se mettent des barrières et passent peut-être à côté de quelque chose. Un peu comme à la ménopause, ajoute-t-elle. On sait qu’on s’assèche, on risque d’avoir besoin de lubrifiant, est-ce que le gars va se dire : elle ne me désire plus ? Non, c’est biologique ! Si on a les moyens de régler ça, pourquoi on ne les prend pas ? »

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat



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Auteur : Silvia Galipeau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.