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Faire l’amour avec une mycose : ce que vous risquez vraiment, d’après une gynécologue

Démangeaisons, pertes épaisses, sensations de brûlure… Lorsque la mycose vaginale frappe, la dernière chose à laquelle on pense, c’est souvent de faire l’amour. Et pourtant, il arrive que le désir soit là malgré tout. Est-ce raisonnable d’avoir des rapports sexuels dans ce cas ? Peut-on aggraver la situation ou contaminer ses partenaires ? Et après le traitement, combien de temps faut-il attendre avant de retrouver une vie sexuelle sereine ? On fait le point avec la Dre Julia Maruani, gynécologue médicale à Marseille et secrétaire générale adjointe de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).

Rappel : qu’est-ce qu’une mycose ?

La mycose vaginale est une infection bénigne, fréquente chez les femmes, souvent causée par un champignon microscopique naturellement présent dans le vagin : Candida albicans. En temps normal, ce micro-organisme cohabite paisiblement avec les autres bactéries de la flore vaginale. Mais de nombreux facteurs peuvent rompre cet équilibre et entraîner sa prolifération excessive : prise d’antibiotiques ou de corticoïdes, le stress, l’excès d’hygiène intime, le port de sous-vêtements synthétiques trop serrés, la grossesse, un déséquilibre hormonal ou un diabète mal équilibré.

Elle se manifeste par des symptômes très évocateurs :

La mycose n’est pas une MST, mais elle peut se transmettre !

“La mycose vaginale n’est pas considérée comme une maladie sexuellement transmissible au sens médical du terme. Elle peut toutefois se transmettre lors d’un rapport sexuel, notamment lorsque les muqueuses sont irritées”, souligne la Dre Maruani. Le champignon responsable, Candida albicans, étant opportuniste, il peut passer d’un partenaire à l’autre, en particulier si celui-ci présente un déséquilibre de la flore ou une fragilité cutanée.

Peut-on faire l’amour avec une mycose vaginale ?

Sur le plan médical, il est possible d’avoir un rapport sexuel pendant une mycose vaginale, mais c’est fortement déconseillée ! Ce choix comporte de nombreux inconvénients, à la fois pour la personne infectée et pour son ou sa partenaire.

C’est souvent très inconfortable

Comme indiqué ci-dessus, la mycose provoque souvent des démangeaisons, des brûlures, une irritation et des douleurs lors des rapports. “Les relations sexuelles peuvent donc être très inconfortables, voire franchement douloureuses, et intensifier les douleurs existantes”, prévient la Dre Maruani.

Cela peut aggraver l’infection

Le frottement mécanique pendant les rapports peut :

  • intensifier l’inflammation,
  • provoquer des micro-lésions
  • et ralentir la guérison.

Il y a un risque de transmission

Contrairement aux idées reçues, la mycose n’est pas une MST. Elle peut pourtant se transmettre d’une personne à l’autre, surtout en cas de rapports non protégés.

Chez l’homme, elle peut entraîner :

  • une sensation de brûlure pendant la miction ou les rapports.
  • une candidose du gland (balanite) : rougeurs, démangeaisons, petits boutons blancs.

Chez la femme, elle peut entraîner :

  • la réapparition des symptômes si son ou sa partenaire est porteur ou porteuse asymptomatique,
  • le risque de récidive en cas de rapports non protégés.

Gare à l’effet “ping-pong” : un couple peut se recontaminer mutuellement à chaque rapport, sans toujours le savoir. Ce phénomène explique de nombreuses mycoses récidivantes.

Peut-on aggraver sa mycose en ayant des rapports sexuels ?

Les rapports sexuels peuvent aggraver les symptômes d’une mycose vaginale en créant des frottements sur une muqueuse déjà enflammée. Mais elle peut aussi perturber le traitement de la mycose vaginale :

  • Un ovule antifongique récemment placé peut être expulsé ou moins efficace.
  • Le rapport peut modifier le pH vaginal, fragilisant encore davantage la flore.

Par ailleurs, un rapport trop précoce, même après amélioration des symptômes, peut réveiller une infection latente.

Quels sont les modes de transmission possibles ?

Même si elle n’est pas classée comme IST, une mycose peut se transmettre via :

  • des rapports vaginaux non protégés ;
  • des contacts oraux-génitaux ou anaux-génitaux ;
  • l’utilisation de sex toys ou de doigts contaminés ;
  • les contacts indirects via des serviettes, des sous-vêtements ou du linge de toilette.

Comment se protéger pendant et après une mycose ?

Les réflexes suivants permettent de limiter les risques :

  • Préférez attendre la guérison complète et la disparition des symptômes avant la reprise des rapports.
  • Utilisez un préservatif pendant l’infection et quelques jours après la fin du traitement.
  • Adoptez une hygiène intime douce : pas de savon agressif, pas de douche vaginale.
  • Misez sur les probiotiques oraux ou vaginaux pour restaurer votre flore vaginale.
  • Lavez soigneusement vos mains et vos sex toys après usage.
  • Ne partagez pas de linge intime (serviettes, gants de toilette…).

Mycose vaginale : que faire si le désir persiste malgré tout ?

Il est tout à fait naturel d’avoir envie de tendresse, même en période d’inconfort. Pour préserver votre intimité sans aggraver l’infection, pourquoi ne pas explorer d’autres formes de sexualité ?

  • Les caresses, les massages et les baisers sont autant de moyens d’entrer en contact tout en réduisant les risques d’irritation.
  • Les préliminaires sans pénétration,
  • La masturbation mutuelle.

Le dialogue avec votre partenaire est essentiel pour vivre cette période avec bienveillance et sans frustration. Dre Maruani, gynécologue.

Si la pénétration est vraiment souhaitée, privilégie des positions qui génèrent moins de frictions et permettent un contrôle plus facile sur l’intensité du mouvement, comme la position de l’Amazone, l’Andromaqe ou la position de la balançoire.

Et en cas de sécheresse vaginale due à l’infection ou au traitement, n’hésite pas à utiliser des lubrifiants à base d’eau, spécialement formulés pour les peaux sensibles. Cela réduira les frottements et améliorera votre confort !

Et après le traitement (ovule), combien de temps attendre ?

Attendez au moins quelques jours après la disparition complète des symptômes pour reprendre les rapports, conseille la Dre Maruani. Et de préciser : “chaque femme guérit à son rythme : le plus sûr est de respecter les signaux de votre corps”. Si vous avez utilisé un ovule antifongique, attendez que le traitement ait terminé son action, généralement 2 à 3 jours après la dernière prise.

En résumé, faire l’amour avec une mycose, n’est pas interdit, mais ce n’est ni recommandé ni agréable. Mieux vaut accorder un temps de repos à votre corps, laisser les traitements agir, et reprendre les rapports lorsque tout est rentré dans l’ordre. Prendre soin de son intimité, c’est aussi préserver sa sexualité dans la durée !

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.