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Tout savoir sur l’agnosie

Définition : Qu’est-ce qu’un trouble gnosique ?

L’agnosie correspond à un dysfonctionnement de la capacité du cerveau à reconnaître, identifier et interpréter les informations sensorielles provenant de l’environnement, sans qu’il n’y ait d’atteinte des organes sensitifs concernés. « L’agnosie peut toucher chacun des cinq sens – ouïe, toucher, odorat, vue, goût – mais la plus handicapante, qui est aussi la plus facile à évaluer – est l’agnosie visuelle » explique Guillaume Pérodeau.

Visuelle aperceptive ou associative, auditive, gustative, tactile : quels sont les différents types d’agnosie et leurs symptômes ?

L’agnosie peut concerner chacun de nos sens, et peut donc être visuelle, auditive, tactile, olfactive ou sensorielle.
L’agnosie visuelle peut être aperceptive ou associative.

Dans l’agnosie aperceptive, la personne peut parfois reconnaître et nommer un objet qu’il voit, mais n’est pas capable de le décrire. Par exemple, il peut reconnaître une tomate mais ne peut pas dire que c’est rond et rouge. Il peut avoir du mal à la dessiner ou à faire le rapprochement entre deux images différentes d’un même objet. 
Guillaume Pérodeau, psychologue spécialisé en neuropsychologie à l’Hôpital de Jonzac.

L’agnosie visuelle associative à l’inverse, est une incapacité à reconnaître les objets bien que la personne les perçoive. « Le patient pourra dire qu’une tomate est un objet rond et rouge, mais il ne saura pas reconnaître que c’est une tomate » ajoute le spécialiste.
Parmi les agnosies visuelles, on trouve également la prosopagnosie, qui correspond à l’incapacité à reconnaître les visages familiers.

L’agnosie auditive concerne la difficulté à reconnaître un bruit. Par exemple, l’aboiement d’un chien, qui sera parfaitement entendu mais qui ne sera pas reconnu en tant que tel.

Les agnosies tactile, olfactive et gustative correspondent respectivement à l’impossibilité de reconnaître un objet en le touchant, une odeur en la humant ou un aliment en le mangeant.

Agnosie : quels lobes ou structures cérébrales sont touchés ?

Les agnosies sont liées à des lésions cérébrales, dont la localisation change selon le type d’agnosie.

Les agnosies aperceptives sont liées à des lésions des structures pariéto-occipitales et les agnosies associatives touche les structures occipito-temporales. Guillaume Pérodeau

Le lobe temporal inférieur, en particulier le gyrus fusiforme, participe à la reconnaissance des des visages, et est donc celui responsable de la prosopagnosie, à savoir de l’incapacité de reconnaître les visages connus.

La région touchée dans le cas des agnosies auditives est le lobe temporal, principalement le gyrus temporal supérieur qui correspond à la région auditive associative.

Dans les agnosies tactiles, c’est le lobe pariétal, principalement le cortex somatosensoriel primaire et secondaire qui est touché, dont le rôle est le traitement des informations tactiles et leur intégration sensorimotrice.

AVC, traumatisme crânien, alzheimer : les différentes causes possibles de l’agnosie

Les agnosies résultent de lésions dans les zones du cerveau responsables de l’intégration et de l’interprétation des informations sensorielles.

Le plus souvent, ces lésions cérébrales sont causées par des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des traumatismes crâniens ou une tumeur cérébrale. Guillaume Pérodeau

Une agnosie subite peut d’ailleurs être le signe d’un AVC.
Dans de plus rares cas, elles peuvent être liées à une maladie neuroévolutive, telle que la maladie d’alzheimer. « Elle survient alors lors des stades les plus avancés de la maladie » ajoute le neuropsychologue.

Enfin, l’agnosie peut être causée par certaines formes rares d’épilepsie.

Quelle est la différence entre l’agnosie et l’aphasie ?

L’aphasie et l’agnosie sont deux troubles neurologiques qui affectent des fonctions différentes du cerveau et se manifestent de façon très différente.

Alors que l’agnosie est un trouble de la reconnaissance, l’aphasie est un trouble du langage qui peut affecter l’expression orale, la compréhension et la sémantique. Elle est causée par une lésion dans les régions cérébrales responsables de la production ou de la compréhension du langage. « Le patient qui souffre d’une aphasie présente des difficultés à trouver les mots et/ou à comprendre ce qui est dit » détaille le neuropsychologue.

Qu’est-ce que l’agnosie intégrative ?

L’agnosie intégrative est un sous type de l’agnosie visuelle aperceptive, qui se traduit par l’absence d’intégration globale cohérente des informations perçues. « Elle correspond à une difficulté à intégrer les éléments perceptifs primaires d’un objet – contours, forme, couleur et l’orientation – pour en former une représentation cohérente » explique Guillaume Pérodeau.
Cela signifie que le patient voit les éléments d’un objet, mais ne parvient pas à les assembler pour en reconnaître la globalité.

Comment soigner l’agnosie ?

Il n’existe pas de traitement médicamenteux à l’agnosie, et sa prise en charge repose essentiellement sur de la rééducation neuropsychologique. « L’objectif est d’aider à la récupération cérébrale en recréant les connexions entre les neurones présents autour de la lésion : c’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale » décrit le neuropsychologue.

Les approches rééducatives sont spécifiques selon le type d’agnosie. Pour l’agnosie visuelle associative, le patient est entraîné à utiliser ses autres ressources de mémoire (couleur, taille, contexte) afin de l’associer à un objet. « Par exemple, on lui réapprend qu’un objet rouge et rond peut être une tomate » explique Guillaume Pérodeau.
L’agnosie aperceptive est plus délicate à travailler et à récupérer.

Dans l’agnosie auditive, les exercices visent à associer des sons à des objets ou à des contextes, par l’utilisation de textes écrits, afin de compenser la reconnaissance auditive.

L’agnosie tactile est traitée par des exercices de manipulation répétée d’objets pour réapprendre à les reconnaître par le toucher.

Le patient peut être également aidé en apprenant à utiliser d’autres sens ou le contexte pour compenser les déficits. Une personne souffrant d’agnosie visuelle peut par exemple apprendre à reconnaître des objets en les touchant, en les entendant ou encore selon leur contexte ou leur environnement.
 
Un accompagnement psychologique est enfin recommandé, pour aider le patient à accepter son trouble et à réduire l’anxiété ou la frustration liée à la perte de reconnaissance. Les techniques de gestion du stress et le développement de la résilience donnent par exemple de bons résultats.

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.